Coronavirus - Quel impact sur la sécurité dans les aéroports

Stéphane Pillet, quel est l’impact actuel du Covid-19 sur la vie des aéroports, à l’exemple de celui de Cointrin?

Nos aéroports clients fonctionnent au ralenti ou sont complètement fermés. Actuellement, Genève Aéroport accueille environ 2% de son trafic habituel. Il faut savoir que de nombreux aéroports, même sans trafic commercial, doivent rester opérationnels pour pouvoir accueillir des avionscargos avec du fret médical ou des vols sanitaires.

Avez-vous déjà une vision de ce que sera la sécurité dans les aéroports après la crise?

La sécurité a toujours été une préoccupation du monde aéroportuaire. Comme elle y est déjà très stricte, elle ne sera pas spécifiquement renforcée en lien avec le coronavirus. Les mesures d’hygiène et de distance spatiale devront toutefois être respectées le temps de la crise.

Rien ne va donc changer?

Oui. Mais il est probable que certains aéroports adaptent leur plan d’urgence lié aux pandémies. Ce constat n’est pas réservé au domaine de l’aviation et des aéroports, mais prévaut pour l’ensemble des entreprises, indépendamment du secteur d’activité, qui en matière de sécurité et santé au travail (SST) devront ancrer le risque de pandémie dans leur catalogue des dangers.

Peut-on imaginer que les voyageurs seront systématiquement testés ou désinfectés avant d’entrer dans l’aéroport?

En principe pas. Les plans de mesures des aéroports dépendent d’abord de ce que les autorités nationales préconisent. Des mesures spécifiques peuvent aussi être mises en place par les aéroports ou les compagnies aériennes. Certains Etats pourraient toutefois décider, en se fondant sur le règlement sanitaire international entré en vigueur en 2005, de tester les passagers à l’arrivée dans le but d’éviter l’entrée du virus dans le pays.

Avez-vous déjà eu recours à des mesures aussi fortes?

Oui. Nous avons assisté des aéroports d’Afrique de l’Ouest, entre 2013 et 2016, pour la mise en place de ce genre de mesures pour lutter contre le virus Ebola. Il s’agissait principalement de prendre la température des passagers et de les questionner si nécessaire. Cette détection a contribué à la limitation de l’impact du virus.

Est-ce que seul 1 siège sur 4 sera occupé dans les avions pour respecter les distances spatiales?

Il est évident que le respect des distances spatiales dans les avions va poser de gros problèmes aux compagnies aériennes, la rentabilité des vols dépendant directement du taux de remplissage. Certaines, à l’exemple d’Air France, envisagent ainsi d’imposer le port obligatoire du masque dans l’avion pour augmenter la capacité d’accueil. A l’échelle européenne, des discussions sont en cours entre les autorités sanitaires et celles de l’aviation civile pour essayer d’harmoniser les plans de mesures.

Faudra-t-il se rendre quatre heures à l’avance à l’aéroport pour des raisons sécuritaires?

Prochainement, je ne pense pas au vu du faible taux de voyageurs attendu dans un premier temps. Les aéroports, comme tous les lieux d’accueil du public, vont simplement faire appliquer les règles d’hygiène et de distance spatiale, ce qui ne devrait pas influencer la fluidité du traitement des passagers. Il est cependant probable que les exploitants limitent les accès aux aérogares justement pour respecter ces distances. Les entrées seraient ainsi filtrées et les proches des voyageurs invités à rester à l’extérieur. Quoi qu’il en soit, que ce soit à l’aéroport, dans un avion ou dans n’importe quel autre lieu public, la responsabilité individuelle restera de mise avec le respect des distances et des règles d’hygiène.

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